Qu’est-ce que l’oeil dominant?

Dans le monde du tir sportif, la précision est la clé du succès. Tout détail, même le plus subtil, peut faire la différence entre un tir parfait et un tir manqué. L’oeil dominant est un détail qui suscite de nombreuses discussions au sein des tireurs. Mais qu’est-ce que l’oeil dominant ou l’oeil directeur et pourquoi est-il si important? 

L’oeil dominant est celui qui, inconsciemment, prend le contrôle dans les tâches visuelles nécessitant de la précision, comme le tir. Tout comme une personne a une main dominante (généralement la droite ou la gauche), chaque individu possède un oeil dominant. Cet oeil envoie des informations plus détaillées et plus rapidement au cerveau. Ceci joue un rôle clé dans la perception de l’espace et la coordination oeil-main. 

Comment déterminer son oeil dominant?

Voici une méthode simple, en 4 étapes, pour déterminer quel est votre oeil dominant. 

1. Formez un triangle avec vos mains en joignant vos pouces et vos index.
2. Choisissez un objet distant, comme cible ou un point éloigné. 
3. Regardez cet objet à travers le triangle formé par vos mains, en gardant les deux yeux ouverts. 
4. Fermez un oeil, puis l’autre. L’oeil avec lequel l’objet reste centré à travers le triangle est votre oeil dominant. 

Utiliser son oeil dominant, quels avantages?

Le principal avantage de l’oeil directeur est qu’il améliore la précision. Lorsqu’un tireur utilise son oeil dominant, il obtient une image plus claire de la cible plus rapidement. Dans les disciplines de tir dynamique, l’oeil dominant aide à réagir rapidement. En effet, il capte plus efficacement les informations visuelles nécessaires à une prise de décision immédiate. 
Si vous désirez en apprendre davantage sur le fonctionnement de l’oeil n’hésitez pas à relire cet article.

L’oeil directeur facilite aussi la coordination entre la vision et les mouvements des mains. Cela est crucial en tir sportif, où l’habileté à coordonner la visée et le tir est essentielle pour atteindre la cible de manière efficace. 

La capacité d’adaptation de l’être humain

A ce stade, il est important de noter que l’oeil dominant n’est pas toujours du même côté que la main dominante. Par exemple, vous pouvez être droitier mais avoir l’oeil dominant gauche, ce qu’on appelle une dominance croisée. Cela peut compliquer la pratique du tir dynamique mais n’a pas forcément de mauvaises conséquences pour le tir de précision. 

L’être humain possède une remarquable capacité d’adaptation. Le cerveau est plastique et peut se réorganiser pour compenser des blessures ou des changements dans les entrées sensorielles. Cependant, cette adaptation demande du temps et un entraînement régulier. 

L’oeil dominant et la dominance latérale influencent principalement la performance des tireurs sportifs débutants. En effet, un tireur droitier ayant un oeil directeur gauche mais tirant du côté droit verra son cerveau développer sa sensibilité sensorielle de l’oeil droit. Donc un tireur sportif qui s’entraîne régulièrement verra ses facultés s’adapter et atteindra un niveau de performance équivalent à tout autre tireur! 🙂

Les facteurs supplémentaires à considérer

Pour les tireurs qui souffrent de troubles de la vue ou d’une différence de vision significative entre les deux yeux, se concentrer exclusivement sur l’oeil dominant peut provoquer une fatigue visuelle. Cela est particulièrement marqué lors de longues séances de précision. Le fait de forcer un oeil moins performant provoque des tensions et une diminution de concentration. Le potentiel de résultats diminue également. 

Sur le plan de l’équipement, le tireur comprendra vite que sortir du standard a un coût. En effet, comme la majorité des individus sont droitiers, être gaucher limite le choix de l’équipement. D’une part les fabricants produisent moins d’options pour les versions gaucher de leurs produits. D’autre part, acheter ou vendre un équipement d’occasion pour gaucher deviendra plus compliqué. 

Pour les tireurs ayant une dominance croisée, vouloir conserver ce croisement se fera au prix une réduction de la stabilité. Effectivement, la position du corps et des bras s’en trouve modifiée. Le désalignement de la position engendre des erreurs de visée, une fatigue accrue et une réduction de la stabilité. Mieux vaut profiter de la capacité d’adaptation du cerveau et s’entraîner selon le standard sans croisement! 😉

Quelques considérations

Les disciplines de vitesse

Dans les disciplines de vitesse, où il est très difficile d’avoir une perception nette de la visée rapidement, il vaut mieux utiliser un cache-oeil. Garder les deux yeux ouverts sans cache-oeil augmente le temps d’acquisition de la perception nette de la cible. Dans ce cas, tirer avec l’oeil directeur n’aura pas d’influence. A plus forte raison pour un tireur qui s’entraîne régulièrement et dont le cerveau s’adaptera à la situation donnée au fil du temps.

Utiliser un cache-oeil

Est-ce que vous avez déjà remarqué que votre stabilité diminue lorsque vous fermez un oeil? 😉 C’est pareil pour le tir! Avec une vision binoculaire, votre stabilité et votre équilibre s’accroissent. De même, plus il fait sombre dans votre stand et plus votre stabilité diminue. Pour ces raisons, il est recommandé de tirer avec les deux yeux ouverts. 

Afin de focaliser rapidement et de manière correcte sur les instruments de visée, l’utilisation d’un cache-oeil est recommandé. Ce cache-oeil devrait être translucide. De cette façon, la vision binoculaire est conservée et le tireur obtient une meilleure perception des instruments de visée. En effet, le cerveau utilise les informations des deux yeux pour former l’image que le tireur verra. Donc si l’image de visée est claire et que l’image derrière le cache-oeil est sombre, le cerveau renverra une image en demi-teinte et pas très nette des instruments de visée. 

Pour les réfractaires au cache-oeil, sachez que fermer l’oeil inactif provoque des crispations sur le visage. Celles-ci nuisent à la performance. D’autre part, le tireur utilise une part de sa concentration pour fermer l’oeil et succombera plus facilement aux distractions.

Les compromis

Un tireur droitier qui vise avec son oeil gauche doit accepter des compromis au niveau de sa position et de son encrossement. La stabilité et la performance seront donc péjorées. Cependant, un entraînement spécifique et régulier atténuera cette dégradation. De même, un entraînement régulier permettra au cerveau grâce à sa plasticité de se réorganiser. Alors pourquoi vouloir se compliquer la vie en croisant oeil-main? A force de répétition, le cerveau s’adaptera à l’entraînement que vous effectuerez. Choisissez, mais choisissez bien !! 😉

Les exceptions seront surtout pour les tireurs ayant une très forte dégradation d’un oeil. Et encore, décider de tirer du coté opposé est tout à fait possible. Il suffit d’acquérir la force musculaire pour soutenir l’outil de sport comme tout individu débutant dans le tir sportif. La stabilité et l’équilibre resteront toujours meilleurs dans une position normale comparée à une position croisée… 

Conclusion

La légende qu’il faut utiliser l’oeil directeur pour viser n’est plus valable de nos jours. Cette théorie est en conséquence fausse ! Particulièrement pour le tir sportif.

Lors de mes débuts à la carabine à air comprimé, j’utilisais l’équipement mis à disposition par mon club. Etant gauchère, je ne disposais pas toujours de l’équipement gaucher car un autre tireur l’utilisait au moment voulu. En conséquence, je tirais parfois à gauche, parfois à droite et mes résultats étaient similaires. Lorsque mon entraîneur a décrété que je devais faire un choix, j’ai opté pour la droite car il était beaucoup plus facile de trouver de l’équipement pour droitier. 

Par contre, pour le tir dynamique au pistolet, j’ai respecté mon oeil directeur car sans cache-oeil impossible de faire un bon résultat, même en tirant à deux mains! (J’étais une tireuse occasionnelle, sans entraînement régulier). En effet, en tirant à droite, instinctivement mon oeil gauche prenait le dessus et je manquais systématiquement la cible. Cependant, je suis persuadée qu’en m’entraînant avec un cache-oeil régulièrement, mon cerveau aurait adapté la dominance de mon oeil à ma pratique. Par la suite, j’ai continué à m’entraîner à gauche dans les disciplines sportives du tir au pistolet. J’avoue cependant qu’il est pénible de trouver du matériel pour gaucher!… 😉

Est-ce que vos entraineurs vous ont parlé de cette fumeuse théorie de l’oeil directeur? Qu’en pensez-vous? Exprimez-vous dans les commentaires !