La position intérieure versus la position extérieure
La position extérieure est celle que l’observateur voit en regardant un tireur. L’écartement ou l’orientation des pieds, l’angle du tireur par rapport à la cible sont des éléments de la position extérieure. Vous en apprendrez plus sur les critères d’une bonne position extérieure dans l’article concernant la position au pistolet. Les tireurs au fusil trouverons des informations dans l’article dédié à la position de tir couché. Dans cet article, nous examinerons les éléments de la position intérieure. Ces éléments sont valables pour les tireurs au fusil aussi bien que les tireurs au pistolet. La position intérieure est le ressenti que le tireur a de sa position. Idéalement, cela devrait être un sentiment de confort et de bien-être. 🙂

Les 2 classifications de la position intérieure
Sous la perspective de la position intérieure, nous pouvons grouper les différents aspects dans les deux catégories suivantes:
La catégorie physique
Comme son nom l’indique, la catégorie physique regroupe tous les aspects physiques sous l’angle du ressenti. C’est-à-dire que ressent le tireur ayant un écartement des jambes plus ou moins large que la largeur de ses épaules. Qu’éprouve le tireur en alignant la tête vers la cible, en regardant ses instruments de visée, en tenant la crosse de son outil de sport, etc.?
Attention à ne pas confondre avec la position extérieure, il s’agit bien du ressenti intérieur de la position. Ces sensations, bonnes ou mauvaises, auront une incidence importante sur le résultat d’un entraînement ou d’une compétition. Toutefois, il ne faut pas oublier que tout début peut s’avérer difficile! En effet, débuter dans une nouvelle discipline requiert un temps d’adaptation. Le corps doit s’adapter et se « formater » à la nouvelle activité. Tenir un pistolet à bout de bras en restant le plus stable possible demandera de l’entraînement et de la persévérance. De même, trouver et rester dans une position de tir à genoux exigera de l’endurance et de la persistance au tireur. Eh oui, je me souviens encore des douleurs que je ressentais aux coudes lorsque j’ai repris le tir au fusil. 😉
Après un certain temps d’entraînement, le tireur développera un ressenti de sa position intérieure et sera capable de rester de plus en plus longtemps en position. Par ailleurs, il percevra plus rapidement si un paramètre a changé et perturbe son ressenti intérieur.
Un conseil:
Si vous réalisez un excellent tir, prenez le temps de noter vos sensations de façon précise dans votre carnet de tir. Ces notes vous aideront beaucoup lorsque vous aurez de la peine à ressentir votre position. Notez les réglages, ce que vous avez mangé ou pas au préalable, qu’avez vous fait, les exercices de relaxation, etc. Surtout analysez votre ressenti et pourquoi vous aviez ce sentiment, qu’est-ce qui y a contribué.

La catégorie psychologique
La position intérieure sous l’angle psychologique reflète l’état d’esprit du tireur, son niveau de stress, sa confiance en lui-même. Est-ce qu’il culpabilise pour un manque d’entraînement et s’estime illégitime pour une bonne performance? Est-il contrarié par une remarque d’un concurrent, de son coach, d’un juge? Quelles sont ses pensées, ses préoccupations et ses motivations dans la pratique de son sport? Quel est son niveau de fatigue, de stress? Toutes ces questions fournissent de bons indicateurs de l’état d’esprit du tireur.
Pour résumer: Le tireur est-il psychologiquement prêt et capable de se concentrer, et de rester concentré pour la durée de sa pratique? Le tir sportif se caractérise par une capacité physique standard mais un mental très fort pour réussir. 💪

Les outils électroniques pour une analyse approfondie
La stabilité de la séquence de tir entière peut être analysée de manière détaillée avec un système Scatt. C’est l’outil favori des entraineurs pour aider et comprendre les erreurs des tireurs. Ces outils sont très importants pour l’entraînement et pour une progression accélérée. Ils permettent de visualiser la séquence de tir complète. On voit ce qui est fait juste et ce qu’il reste à améliorer. Il s’agit de la meilleure solution pour progresser rapidement car on peut l’utiliser en tir à sec comme en tir réel au stand avec son entraîneur. Cette solution est plus efficace que de tirer de grandes quantités de munition sans comprendre ses erreurs. Elle évite ainsi au tireur de mémoriser des séquences de tir erronées. Ce système illustre parfaitement chaque mouvement de l’outil de sport induit par le tireur. En conséquence, cela facilite beaucoup le travail de l’entraîneur.
Considérations sur la position intérieure
L’outil de sport étant un objet, il n’a pas de volonté propre. C’est-à-dire qu’il réagit exactement de la même façon pour chaque tir. Sans interférence extérieure, chaque coup aboutit au centre de l’endroit visé.
Sous l’angle physique
Le point de départ d’une bonne position extérieure consiste à reproduire la position de base. Celle que vos entraîneurs, coachs ou moniteurs vous démontrent dès le début de votre pratique. Ensuite, avec l’entraînement, votre position varie légèrement en fonction de votre morphologie. Ces petits ajustements réduisent votre fatigue et améliorent votre stabilité car c’est la position intérieure qui vous correspond vraiment. En effet, un simple changement d’angle de votre pied, par exemple, peut vous aider à mieux ressentir votre équilibre. Ou alors des tensions dans votre corps s’estompent et votre position intérieure se détend. Chacun ayant une morphologie différente, la position extérieure devra s’adapter pour réduire au maximum les tensions ressenties à l’intérieur.
Afin d’obtenir une position intérieure adéquate, chaque tireur devrait rapidement scanner son corps avant chaque tir pour libérer toute tension. Ensuite, le tireur décide librement de saisir son outil de sport en contractant plus ou moins sa musculature. Lorsque la contraction est insuffisante, l’outil de sport « flottera » lors du départ du coup. Au contraire, si le tireur se crispe, il constatera que ses nerfs induiront beaucoup de tremblements. Avec l’entraînement, le tireur connait exactement la contraction à maintenir pour une excellente performance. Dans ce cas, il a mémorisé sa position intérieure sous l’angle physique.

Sous l’angle psychologique
L’aspect psychologique de la position intérieure est aussi très important, si ce n’est plus que l’aspect physique. En effet, chaque pensée peut induire une impulsion psychologique qui provoque une contraction musculaire néfaste à un bon résultat. Un tireur stressé verra sa respiration s’accélérer et sa concentration baisser. De même, un manque de confiance en ses capacités peut nuire à la performance d’un tireur. Lorsque le tireur est bien en son for intérieur, que le calme règne en lui sa performance s’améliore.
Durant une compétition, le ressenti du tireur peut beaucoup changer. En raison du stress, par exemple, le compétiteur peut ressentir la résistance de la queue de détente particulièrement élevée. Ou alors, il peut avoir l’impression d’avoir l’index comme paralysé, incapable de surmonter le poids standard de déclenchement. Tout cela car l’athlète est submergé par le stress de la compétition. Dans ce cas, le ressenti de sa position intérieure apparait totalement faussé, aggravant encore son stress.
En compétition, le tireur doit savoir rester calme, malgré le chaos qu’il peut régner autour lui. Répéter les gestes habituels que le compétiteur a pratiqué durant ses nombreuses séances d’entraînement contribue à réduire le stress. Le corps reconnaît les mouvements et les gestes habituels de sa pratique et abaisse le niveau de stress du tireur. Ensuite, le tireur éprouve un meilleur ressenti de sa position intérieure, et son état d’esprit se bonifie.
Pour résumer:
Au moyen d’un entraînement soutenu, le tireur mémorise une quantité incroyable de sensations aussi bien physiques que psychologiques de sa position intérieure. Avec beaucoup d’entraînement, le cerveau commute plus facilement vers les sensations ressenties lors de chaque prise de position. Cela devient un automatisme qui surpasse le stress initial de la compétition et commute l’esprit en mode concentration lors de chaque séance de tir.
Conclusion
A moins d’être totalement décontracté et très confiant en soi, il est très difficile pour un débutant de ressentir correctement sa position intérieure. Au début, il y a tant de choses à prendre en compte que le ressenti est étouffé par d’autres sensations inhabituelles. Ensuite, avec l’entraînement, le tireur apprend à écouter son corps et son mental puis à gérer son ressenti pour optimiser sa progression.
Le tireur ressent parfaitement son corps, sa position et se trouve dans un état d’esprit positif pour une séance de tir lorsqu’il vit pleinement le moment présent de son tir. Cet état de sérénité est plus facilement atteint quand les enjeux sont inexistants et que le tireur n’a aucune attente au niveau de son résultat. En bref, lorsqu’il tire par pur plaisir! 🙂
Lors de mes débuts en tir réel, j’avais beaucoup de peine à retrouver les sensations habituelles que j’éprouvais en m’entraînant à sec à mon domicile. Cependant, en persévérant, mes sens se sont développés et je ressens mieux ma position. C’est la première étape! Après les tireurs apprendront à écouter leurs sensations durant les matchs. Ces sensations varient et faussent significativement le ressenti du tireur lorsque celui-ci est en état de stress. C’est une nouvelle étape à franchir pour continuer à progresser! …;)

Avez-vous conscience de votre position intérieure dans votre pratique? Quel est votre ressenti lorsque vous tirez pour le plaisir comparé à un tir dont les enjeux sont importants? N’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous!