L’importance d’une position au pistolet stable
Dans les différentes disciplines du tir au pistolet, il y a une constante qui est la position de tir au pistolet debout. Pour les plus jeunes, il s’agira de tirer à bras franc et les plus âgés pourront choisir entre une position à bras franc ou appuyée, ou même les deux ! 😉 Certes pas dans le même concours, mais un match en catégorie bras franc ou un match en catégorie appuyée, ou aussi participer dans les deux catégories.
Nous passons une partie de notre vie debout, donc il s’agit d’une position où le fonctionnement physiologique est normal. Les points d’appui au sol d’une position debout sont les pieds. Il est donc important que ceux-ci soient bien positionnés et ancrés. Pour rappel, en compétition, il est interdit de porter des chaussures qui couvrent la malléole sous peine de disqualification. Pour cette raison, un entraînement régulier de la musculature des chevilles améliorera avantageusement le maintien du tireur.
En tir sportif, ce que l’on définit par stabilité se traduit par immobilité et équilibre. Une immobilité parfaite n’existant pas, il y aura toujours de petites oscillations du corps et des membres. Contrer ces oscillations pour rester en équilibre demande au tireur un travail musculaire. Une bonne position sera donc confortable dans le sens où peu d’efforts seront requis pour maintenir cet équilibre. Cela sera important pour les concours lors desquels le tireur devra rester en position debout pour de longues périodes.
Construire la position au pistolet
L’écartement des pieds et le centre de gravité
Un gage de stabilité débute par un écartement des pieds selon la largeur des épaules comme dans bien des sports tels que le ski, le stand up paddle, etc. Avec cet écartement, le sportif gagne en stabilité car la zone de déplacement du centre de gravité du sportif est augmenté par rapport à une position pieds joints. D’autre part, la hauteur du centre de gravité de la personne s’abaisse améliorant ainsi la stabilité.
Sur l’image ci-dessus, le quadrilatère formé par l’espacement des pieds représente la zone dans laquelle le centre de gravité peut se déplacer sans risquer un déséquilibre, voire une chute. Les 2 diagonales se croisent au centre de la zone. Plus le centre de gravité se trouvera proche du centre de la zone, meilleure sera la stabilité du tireur car les oscillations du corps seront de beaucoup plus faible envergure. Par conséquent, la dépense énergétique pour maintenir l’équilibre et l’immobilité sera moindre.
L’alignement vers la cible
La position des pieds par rapport à la cible sera parallèle et le corps perpendiculaire à la cible. Chaque individu étant différent, il y aura des petites variations entre les personnes. La meilleure stabilité sera obtenue avec une position perpendiculaire à la cible ou alors avec un angle maximum d’environ 30° par rapport à la cible. En principe, c’est la position naturelle du pistolet qui détermine la position des pieds par rapport à la ligne de tir. Evidemment que le poids du tireur sera réparti sur les deux pieds de manière égale pour assurer un bon équilibre.
Les épaules quant à elles doivent être plus ou moins perpendiculaires à la cible et le bras tendu dans le prolongement des épaules vers la cible. Personnellement, j’ai remarqué qu’au début de mon entrainement, lorsque la musculature de l’épaule et du bras était faible, il était plus facile d’être stable avec un angle de 30° à 45° par rapport à la cible. En étant perpendiculaire, j’avais beaucoup de tremblements nerveux, dû probablement au manque de force. Cela se traduisait par de grands écarts en cible. Ensuite, avec l’entraînement et un meilleur développement musculaire, j’étais beaucoup plus stable et précise avec les épaules quasi perpendiculaires à la cible.
La distance oeil – instruments de visée
La position de la tête doit restée droite. Il faut regarder bien en face de soi. Puis simplement tourner la tête en direction des cibles sans vouloir l’incliner dans une quelconque direction ni s’appuyer sur l’épaule. De cette façon, il est facile de reproduire toujours la même position et de garder la même distance tête – instruments de visée.
Que faire de son bras libre ?
Le bras libre viendra se fixer dans la ceinture de manière naturelle et sans contraction ni effort. L’épaule, le bras et la main doivent être parfaitement décontractés. Si l’on ressent une contraction, il est important d’en rechercher la cause et d’ajuster la position pour supprimer toute tension dans le corps du tireur. D’autre part, il n’est pas recommandé de mettre la main dans la poche et de serrer son trousseau de clé. Le but est d’être le plus décontracté possible ! …
Prise en main du pistolet
Pour un tireur droitier, tenir le pistolet avec la main gauche par le canon pour placer la crosse fermement dans la fourche formée avec le pouce et l’index de la main droite (l’inverse pour les tireurs gauchers). Les doigts (majeur, annulaire, et auriculaire) s’enroulent autour de la crosse. La tenue doit être ferme mais sans crispation. L’index reste libre et le pouce repose sur le côté de l’arme à l’emplacement dédié.
Le pistolet se positionne bien au milieu de la fourche formée avec le pouce et l’index dans le prolongement du bras et de l’épaule. De cette façon, le recul de l’arme se répercute dans le bras et se termine dans la masse du corps en passant par l’épaule. Lorsque la position est correcte, le pistolet retombera exactement à la même place que son départ. Une déviation sur la gauche ou la droite lors de la descente de l’arme après le recul du départ du coup indiquera une erreur d’alignement ou une mauvaise prise en main.
Une bonne position implique d’avoir les épaules, le bras, le poignet et l’arme parfaitement alignés. En position d’attente, le tireur verrouille la position de son poignet et de son coude mais sans crispation. Puis l’articulation de l’épaule amènera le bras à la hauteur de la cible pendant que le poignet et le coude restent verrouillés. Cela contribue à une tenue du pistolet identique pour chaque coup. De plus, la distance oeil – organes de visée reste toujours identique.
Pour réduire les déviations latérales, l’index reste bien droit le long de l’arme sans pour autant toucher le pistolet. Le milieu de la dernière phalange appuie sur la queue de détente et se déplace perpendiculairement à la ligne de visée. Pour plus d’infos, voir l’explicatif sur mon article “Le départ du coup”.
Position intérieure et position extérieure au pistolet
Une fois la position de tir au pistolet trouvée, il s’agira de prendre conscience de sa position intérieure. C’est-à- dire, quel ressenti ai-je de ma position de tir. Pour limiter les interférences des sens avec les stimuli externes, il vaut mieux fermer les yeux. Ensuite passer en revue les différentes parties du corps en recherchant les gênes ressenties ou dans quelles parties du corps on ressent des tensions. Puis il faudra mouvoir la partie qui est tendue jusqu’à ce qu’un sentiment de détente s’installe.
Lorsque la position du tireur répond aux critères techniques extérieurs et qu’il n’y a pas de tension ou contraction pour maintenir cette position. On peut estimer que les positions intérieure et extérieure sont idéales.
Si la position extérieure telle qu’observée par une personne externe est idéale mais que le tireur ressent des contractions ou des tensions, alors la position interne n’est pas correcte. En tirant dans ces conditions, le tireur risque d’être confronté à des dispersions inhabituelles, ou des petits coups soudain. Effectivement, une contraction musculaire tendra à se libérer juste au moment du départ du coup produisant de ce fait un mauvais regroupement des coups en cible.
Un contrôle de la position externe ainsi que de la position interne est très important pour assurer un bon résultat. Le tireur devra retrouver lors de chaque tir les mêmes sensations que lors de son entrainement à la position de tir. Prendre la position de tir au pistolet devant un miroir offre un bon feedback au tireur sur sa position externe.
Les indices d’une mauvaise position au pistolet
Lorsque le tireur ressent une tension au niveau des orteils, cela signifie qu’il est entrain de compenser un moment de bascule de son corps vers l’avant. De même, si les genoux commencent à flancher, le tireur fatigue et l’équilibre diminue dans son ensemble.
Pour une bonne stabilité, le tireur doit verrouiller les genoux et basculer son bassin en avant afin de créer un socle stable pour la partie supérieure du corps. Celle-ci devra être parfaitement bien décontractée et ancrée sur le triangle formé par les jambes et le bassin. Le fait de verrouiller les genoux et le bassin supprime toutes les contractions des membres inférieurs. Si le tireur ressent des tensions dans la partie supérieure du corps, alors l’équilibre du triangle inférieur est insuffisant.
Les muscles du dos et des épaules doivent être complètement relâchés pour absorber plus facilement les petits bougés parasites. C’est un peu un paradoxe, être tonique au niveau du bassin et des jambes tout en restant décontracté au niveau de la partie supérieure du corps.
Les bougés
Le tireur au pistolet sera confronté à 2 types de bougés (ou stabilité). Le bougé au niveau du corps (balancement du corps) qui sera amoindri en prenant une position correcte. Et le bougé de l’arme provenant de contractions musculaires dues principalement à la fatigue, à un mauvais relâchement, ou à un manque d’entraînement.
Tous ces bougés, petits ou grands, nécessiteront beaucoup d’énergie pour les atténuer !
Conclusion
Comprendre la position de tir au pistolet permet de l’adapter à chacun. En fonction de l’entraînement et du ressenti du tireur, la position de tir devra être perfectionnée en permanence. Le sportif peut contrôler sa position face à un miroir. A ce moment, il devra mémoriser les sensations et prendre des repères de façon à reproduire systématiquement la même position. Ensuite, lors de chaque prise de position sur le pas de tir, celle-ci deviendra naturelle au tireur entraîné.
Vous avez fait des expériences intéressantes en modifiant votre position de tir ? N’hésitez pas à partager votre ressenti dans les commentaires.