Qu’est-ce que le maintien après le déclenchement
Lors de l’observation des tireurs sur un pas de tir, on constate que certains tireurs maintiennent le bras tendu encore quelques secondes après le déclenchement du coup et que d’autres abaissent leur bras si tôt le coup tiré. En fonction des projectiles tirés, ceux-ci mettront plus ou moins de temps à quitter le canon de l’arme. Beaucoup de tireurs expliqueront leur geste de maintien après déclenchement avec cette raison. Effectivement, la vitesse initiale du projectile est différente que l’on tire à l’air comprimé ou avec une arme à feu. Alors oui c’est une explication valable, mais encore ! …
Pourquoi maintenir après le déclenchement
Le fait de maintenir la position et la visée après le déclenchement du coup influence le résultat du tir. En réalité, le tireur maintien sa position et reste concentré sur sa visée, avec pour conséquence, une diminution notable du risque d’arracher un coup. Trop souvent les tireurs se laissent distraire si tôt qu’ils pensent que le coup est parti. Leur attention n’est plus pleinement concentrée sur la visée, et le départ du coup. Ceci avant même que le coup soit sorti de l’outil de sport. Cela conduit inexorablement à un petit coup. Ensuite, ils ne comprennent pas pourquoi il y a une telle dispersion sur la cible !
Idéalement, le tireur sportif devrait être concentré sur son tir bien avant de soulever son bras. Il relâchera sa concentration après avoir maintenue sa position ainsi que sa visée encore 2 à 3 secondes après le déclenchement du coup. Le maintien après le déclenchement prend donc sa source bien avant le départ du coup. C’est la continuation du serrage de la crosse, du verrouillage des articulations du bras, de l’accommodation de l’oeil sur le guidon de l’outil de sport et de la pression de l’index sur la queue de détente jusqu’à sa butée. Le maintien est ainsi en quelque sorte le “fil rouge” qui relie tous ces éléments ensembles.
Analogie avec d’autres sports
Afin d’illustrer le principe du maintien après le déclenchement, on peut tirer une comparaison avec par exemple l’athlétisme. Lorsqu’un coureur s’approche de la ligne d’arrivé, il ne va pas commencer à ralentir dès qu’il apercevra celle-ci et se laisser distraire. Bien au contraire, il reste concentré sur sa course jusqu’après avoir franchi la ligne d’arrivée. De plus, lors du passage de la ligne d’arrivée, il ne s’arrêtera pas de façon nette mais progressivement en réduisant sa vitesse.
Pour le tir c’est le même principe. On peut comparer le départ du coup avec la ligne d’arrivée. La distance entre la ligne d’arrivée et l’arrêt complet correspondrait au chemin de la queue de détente depuis le départ du coup jusqu’à la butée.
Maintenir sa concentration et sa visée quelques secondes après le déclenchement du coup revient à maintenir le rythme de la course jusqu’après avoir franchi la ligne d’arrivée. Et continuer à presser la queue de détente jusqu’en butée revient au ralentissement après le passage de la ligne d’arrivée. Il y a toujours une continuation de l’effort plus loin que la ligne pour ne pas être pénalisé par un ralentissement trop précoce. C’est le même principe pour le tir sportif ! 😉 Il faut continuer d’appuyer sur la queue de détente jusqu’à la butée après le déclenchement du coup.
Les bénéfices du maintien après le déclenchement
Lorsque le tireur n’a pas l’habitude de maintenir après le déclenchement, il lui faudra beaucoup d’entrainement pour modifier sa technique. Mais cela en vaut la peine ! J’ai constaté qu’en restant bien concentrée et en choisissant consciemment de maintenir et de continuer à viser après le déclenchement, mon score s’améliore.
Avec la pratique, je pense que j’ai développé un réflexe de relâchement si tôt que le coup part. Ce réflexe provoque des départs du coup arrachés et une dispersion en cible. En restant bien concentrée sur ma visée, sur le départ du coup et le maintien après le déclenchement, le regroupement des coups en cible s’améliore. Ensuite, il faut beaucoup pratiquer pour que le nouveau geste devienne une habitude et remplace l’ancienne “mauvaise” habitude. Ainsi la coordination de la visée, du départ du coup et du maintien s’améliore petit à petit.
C’est uniquement en maintenant la visée après le déclenchement que le tireur sportif sera capable d’annoncer la position de l’impact. C’est vrai qu’il y a le recul de l’arme. Cependant lorsque l’on est concentré sur la visée, le cerveau mémorise l’image de la visée au moment du départ du coup. Il devient donc facile d’annoncer la position de l’impact en reconstituant la dernière image de visée dans sa tête. Le fait de réussir à reconstituer l’image de visée permet de prendre conscience plus facilement des erreurs de visée et de faire les corrections adéquates. C’est à dire que si l’image en mémoire est parfaite alors je peux faire une correction. Alors que si l’image montre une erreur de parallaxe, il ne servira à rien d’apporter une correction sur l’arme.
Comment maintenir après le déclenchement
Il suffit de prolonger le maintien de la position, de la visée et de la concentration au-delà du déclenchement. La pression sur la crosse, la pression de l’index sur la queue de détente en butée et le verrouillage du bras sont maintenus pendant que le tireur compte mentalement “21 – 22 – 23”. Ensuite, il peut abaisser son bras et relâcher sa concentration. Puis il reconstitue l’image de visée au moment du déclenchement pour annoncer la position de l’impact en cible.
Avec une arme à feu, le recul de l’arme fera que le bras du tireur sera propulsé vers le haut. Moyennant une pratique régulière, grâce au maintien après le déclenchement, le tireur ambitieux affinera ses capacités d’analyse. Il détectera par exemple les défauts de son point zéro en observant attentivement le rebond de son arme. La façon dont celle-ci retombe à sa position initiale ou pas fournit des informations précieuses.
En conclusion
Si lors d’un entrainement, je constate que mes coups sont dispersés sur la cible, je me concentre particulièrement sur le maintien après le déclenchement et l’effet est immédiat. Le blason devient plus resserré et il est plus facile de faire des corrections. Je suis capable d’annoncer la position de l’impact avant de contrôler sur la cible le résultat. Donc, je corrige uniquement les impacts que j’ai parfaitement vu et qui ne sont pas au centre. Personnellement, j’avais beaucoup de peine à annoncer les impacts à l’avance. En pratiquant le maintien de la visée, de la position, et surtout de la concentration au-delà du déclenchement, cela devient très facile. 😉
Le maintien après le déclenchement n’est donc pas simplement un geste pour éviter de perturber le départ du projectile. C’est un excellent indicateur de la qualité de la position, du déclenchement du coup, de la visée et de la concentration du tireur sportif.
Est-ce que vous avez des difficultés à annoncer la position d’un impact après un tir ? N’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous !
Hello Evelyne,
Merci pour ces précieux conseils !
A première lecture cela paraît difficile de maintenir la concentration sur la ligne de mire après départ du coup et de mémoriser une position d’impact sur la cible permettant de faire l’annonce ! Donc au moment exact du départ du coup, on accommode la cible pour obtenir l’image de visée. Est ce bien cela ?
Bonjour Benoit,
Non, il faut rester focaliser sur les instruments de visée. Avec un déclenchement du coup propre, on repère très bien la position des instruments de visée sur la cible et donc la position de l’impact. La clé de la réussite, c’est de surveiller la position du guidon dans l’encoche de mire durant toute la séquence de tir et ne tolérer aucune déviation. Cela demande de l’entraînement…
Bons tirs !