Qu’est-ce qu’un coup de doigt ?
L’action sur la queue de détente doit être progressive, continue et sans à-coup, on pourrait parler d’onctueuse. Lorsque cette action de l’index est saccadée ou hésitante voire brutale, alors on parle de coup de doigt. Le tireur qui gère parfaitement l’action de son index sur la queue de détente peut espérer un bon résultat. Toutefois, certaines disciplines de tir permettent quelques saccades; mais pour le tir au pistolet, cela ne pardonne pas ! 😉
L’art du tir consiste à coordonner le déclenchement du coup lorsque l’image de la visée est parfaite. Cependant, lorsque la concentration du tireur se relâche, la coordination est perdue. En conséquence, le doigt du tireur agit en anticipant la réaction de recul de l’arme ou avec du retard. Le tireur “pousse” en quelque sorte le coup hors de son arme, c’est un coup de doigt.
Les anglo-saxons parlent de “flinching” qui se traduit par fléchir, renoncer, reculer. Cela représente très bien l’action du coup de doigt. Un manque de coordination entre l’image idéale de visée et le déclenchement du coup au moment opportun. Une hésitation, un renoncement et tac ! On “tape” sur la queue de détente.
Qu’est-ce qui provoque des coups de doigt ?
L’anticipation et coup de doigt
Dans la majorité des cas, le coup de doigt provient d’une anticipation du recul de l’arme. Lors du déclenchement du coup, une force égale à la propulsion du projectile vers l’avant s’exerce vers l’arrière. Cette force agit sur le bras, se transmet à l’épaule et s’amortit dans le corps du pistolier. Pour un carabinier, elle agira directement sur l’épaule puis s’atténuera dans son corps. L’anticipation de cette force ou de ce recul déclenche une réaction psychomotrice du tireur à la fois physique et mentale.
Concrètement cela se traduit par un mouvement du bras ou de l’épaule en anticipation du départ du coup. Lorsque le tireur provoque le départ du coup avec son index, le bras ou l’épaule du tireur anticipe le mouvement. C’est une sorte de mécanisme d’autodéfense du corps face au recul de l’arme. Il arrive aussi qu’un débutant, ferme les yeux au moment du départ du coup !
Une action progressive et continue sur la queue de détente fait que le tireur est incapable d’anticiper le départ du coup. Effectivement, cette action progressive ne permet pas au tireur de connaître le moment où le déclenchement se produira. En conséquence, aucune réaction psychomotrice n’interfèrera lors du tir et l’impact se trouvera exactement où le tireur visait.
La préhension et coup de doigt
La notion de “coup de doigt” ou “arraché” selon les spécificités linguistiques englobe aussi l’actionnement de la queue de détente. Celle-ci doit être actionnée dans l’axe du canon de l’outil de sport. Si l’index du tireur exerce une poussée latérale, il en résultera une déviation du tir.
Une crosse mal adaptée à la main du tireur induira un mauvais positionnement de l’index sur la queue de détente. La préhension de la crosse peut être difficile parce que sa taille est trop grande, trop étroite, trop épaisse, etc.. En conséquence, le tireur induira involontairement une poussée en appuyant sur la queue de détente. Lisez cet article pour en apprendre davantage sur l’encrossement.
De même, un réglage inhabituel de la détente peut provoquer des coups de doigt. Par exemple, lorsque le poids de déclenchement du coup ou/et la course de la queue de détente changent. Ou plus simplement, la queue de détente n’est pas ajustée à la longueur de l’index.
En début de saison, lorsque les températures sont encore fraîches, la musculature peut s’ankyloser. Dans ce contexte, le ressenti de l’index sur la queue de détente et son actionnement deviennent différents des sensations habituelles. La préhension de la crosse n’est plus aussi précise car la main est engourdie par le froid. Au contraire, en été avec les hautes températures, le “grip” sur la crosse diminue. La préhension de l’outil de sport devient glissant du fait de la transpiration. Ces facteurs environnementaux génèrent eux aussi parfois des coups de doigt impromptus.
La psyché et le coup de doigt
Parfois, la peur du bruit, de la détonation ou l’appréhension du recul provoque une crispation corporelle du tireur. Ceci induit aussi un coup de doigt. Ces peurs sont ressenties par l’inconscient du tireur comme une agression. En conséquence, le corps se tend. La concentration et la coordination du tireur sont perturbées et un coup de doigt provoque le départ du coup.
Les coups de doigt s’amplifient lorsque les enjeux sont importants aux yeux du tireur. Notamment lors des compétitions, lorsque le tireur veut trop bien faire ou a peur de rater une sélection, etc. Ce perfectionnisme qui pousse le tireur à viser un résultat au lieu de rester concentré sur sa séquence de tir. Et qui finira immanquablement par un coup de doigt donc un petit coup.
Comment remédier aux coups de doigt ?
Au niveau matériel
Le bruit de la détonation peut surprendre un tireur et provoquer un coup de doigt. Dans ce cas, une protection auditive efficace peut réduire cette éventualité.
Beaucoup de tireurs de haut niveau utilisent des crosses adaptées spécialement à la morphologie de leur main. De cette façon, ils réduisent toutes torsions ou crispations musculaires au niveau de la tenue de leur outil de sport.
De même, un réglage adéquat de la position de la queue de détente est essentiel. Effectivement, l’index de tir doit actionner la queue de détente dans l’axe du canon naturellement, sans provoquer une poussée latérale.
Une réduction du recul est obtenue en choisissant un calibre inférieur, des cartouches plus faibles, ou des compensateurs de recul.
Prendre en compte ces éléments techniques vous aidera à réduire les coups de doigt dans votre pratique du tir sportif.
Au niveau physique
La meilleure prophylaxie au niveau physique pour réduire les coups de doigt sont le repos et la relaxation. Comme on l’a vu dans les chapitres précédent, les coups de doigt découlent de tensions ou de crispations. La pratique de la respiration abdominale profonde et lente entre chaque coup apaise aussi beaucoup le stress de la compétition.
Au niveau psychologique
La préparation mentale est primordiale dans le tir sportif. Des outils tel que la visualisation ou le training autogène doivent permettre au tireur sportif de maintenir une confiance en soi inébranlable. Encore une fois, l’utilisation d’une respiration abdominale lente et profonde aidera le tireur à rester concentré sur son tir. Cette concentration est essentielle pour coordonner la visée et le déclenchement du coup de manière optimale. Ceci éliminera la majorité des coups de doigt.
Conclusion
Le coup de doigt est un facteur d’échec quasi assuré lors d’un enjeu important pour le tireur ambitieux. Plus on veut atteindre un résultat, plus les coups de doigt peuvent nous mettre en échec. Personnellement, en tant que tireuse ambitieuse, j’ai cherché à faire de bons résultats mais cela ne fonctionne pas ! Par contre, j’ai constaté qu’en me concentrant sur le processus, je réussis mieux à contrôler le risque de coup de doigt. Effectivement, à mon sens, se focaliser sur le résultat est une erreur !
Le résultat est juste … le résultat du bon déroulement du processus ! 😉
C’est à dire de la séquence de tir complète. Si j’exécute une excellente séquence de tir, mon résultat sera excellent; si ma séquence est moyenne, mon résultat sera … moyen ! 😉
Les coups de doigt : cela vous arrive-t-il ? N’hésitez pas à partager vos expériences dans les commentaires !